L’informatique responsable, c'est rentable

La quantité d’équipements informatiques va fortement augmenter dans les prochaines années et leur impact écologique suivra la même direction. L’Institut belge du numérique responsable veut contrer cette tendance.

L’informatique responsable, c'est rentable
©SHUTTERSTOCK

Informatique et durable ne sont pas deux mots contradictoires ; au contraire, ils peuvent devenir complémentaires. Il est tout à fait possible de consommer des produits informatiques de façon raisonnée, que l’on soit un particulier ou une entreprise.

C’est l’objectif de l’Institut belge du numérique responsable, récemment créé. Son directeur, Olivier Vergeynst, veut convaincre les entreprises qu’une approche responsable de l’informatique est bénéfique d’abord économiquement et ensuite du point de vue de l’environnement. Il souhaite rassembler des entreprises et des associations conscientes qu’une autre approche doit être initiée dans le monde de l’informatique. Trois axes existent pour limiter l’empreinte écologique du monde numérique.

1. L’objectif du "green IT" ("système informatique vert") est de baisser l’empreinte environnementale de tous les produits informatiques, de la caméra de sécurité aux serveurs de données en passant par les smartphones et les ordinateurs. Le but est d’informer des bonnes pratiques et d’aider à minimiser l’impact de l’utilisation de ces produits. 2. Le "IT for green" est l’utilisation des outils numériques pour restreindre notre empreinte écologique notamment dans l’optimisation de la consommation des bâtiments, la réduction de la quantité d’engrais utilisés dans l’agriculture grâce à des capteurs de mesures automatisées ou encore toute l’activité autour des réseaux électriques intelligents (Smart Grid).

3. L’inclusion sociale la plus globale autour de tout ce qui est numérique. Cela commence par les conditions de travail des personnes qui extraient les métaux dans les mines et qui assemblent dans les usines de production, la qualité de travail des salariés du clic (réseaux sociaux, chauffeurs Uber…), mais aussi l’insertion par la formation et la diminution de la fracture numérique et l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap ou les personnes âgées. L’Institut va d’abord se concentrer sur le premier aspect, car c’est le moins connu des entreprises, des associations, du grand public et des pouvoirs publics. Le "IT for green" est déjà bien développé en Wallonie avec la création de nombreuses start-up dont c’est l’activité, mais ces entreprises peuvent aussi devenir plus vertueuses pour diminuer leur empreinte environnementale et surtout gagner en visibilité grâce à l’Institut. L’effet de levier provoqué par le changement est aussi plus important dans les sociétés. L’aspect inclusion sociale sera abordé dans un deuxième temps par l’Institut, car il existe déjà de multiples associations sur le terrain, mais elles ne sont pas toujours structurées entre elles et souvent invisibles par les entreprises. Pourtant ces deux réseaux sont complémentaires, mais n’ont hélas pas toujours de contact entre eux.

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Comment réduire l’empreinte écologique du numérique ?

Deux grands domaines d’action entrent en ligne de compte : l’achat des équipements et leur utilisation.

L’achat du matériel représente déjà une grande partie de l’empreinte environnementale liée la fabrication de l’équipement. Cela peut aller jusqu’à 80 % comme pour un smartphone. Comment la diminuer ?

En prolongeant leur durée de vie par le réemploi, par le reconditionnement ou simplement en le gardant plus longtemps. En tout cas, il faut retarder au maximum le moment où l’équipement entrera dans la filière du recyclage. Cela peut être comparé à un amortissement dans le domaine financier. Si l’empreinte écologique est élevée à l’achat, au plus longtemps un équipement sera gardé, au plus cet impact sera réparti sur une plus longue durée. C’est un réflexe à prendre plutôt que d’acheter du matériel neuf. De plus, les firmes peuvent décider d’acheter ou de revendre leurs équipements à des entreprises ou des associations spécialisées dans le reconditionnement pour leur donner une seconde vie. Ce qui peut aussi avoir des impacts sociaux positifs.

Conscientisation et consultance

L’Institut propose un guide responsable pour de bonnes pratiques d’achat. Par exemple : quelles clauses sociales et environnementales faut-il inclure dans un appel d’offres ? Quels modèles d’ordinateurs portables sont les plus facilement réparables pour être conservés plus longtemps ? Quels sont les labels et certifications valables ?

Le plus gros impact de l’utilisation des équipements provient du streaming vidéo et de l’utilisation de la 4G. L’utilisation des réseaux téléphoniques data représente une empreinte énergétique trois fois plus élevée que celle du wi-fi.

Si on veut regarder une série dans le train, mieux vaut la télécharger avant de partir plutôt que de la regarder en direct. Diminuer la qualité de la vidéo est une bonne pratique : une haute définition n’est pas nécessaire sur les petits écrans des téléphones. On peut aussi aller plus loin en choisissant la qualité en fonction du contenu regardé. Est-il nécessaire de regarder les journaux télévisés en haute définition ?

L’objectif de l’Institut du numérique responsable est de conscientiser sur l’impact que nous avons sur la nature et de donner les clés aux entreprises et au grand public pour décider de ce qu’ils souhaitent faire de leur équipement informatique en toute connaissance de cause.

Olivier Vergeynst espère aussi que l’Institut jouera un rôle pour créer une demande de services de consultance dans le domaine du "Green IT" pour que les entreprises fassent de l’informatique autrement. Cela peut déboucher sur un changement de modèle économique en passant d’un modèle de production d’appareils neufs vers un modèle de fonctionnalité et de services. De plus en plus de sociétés l’ont compris en intégrant au départ de la conception de leurs produits une meilleure réparabilité et reconditionnent aussi leur équipement pour leur donner une deuxième vie.

Bonnes pratiques

Voici quelques conseils pour diminuer son empreinte écologique numérique.

Pour nos équipements :

  1. Éviter d’acheter ou de renouveler du matériel non nécessaire
  2. (Faire) réparer
  3. Réutiliser
  4. Acheter du matériel reconditionné (avec garantie) ou d’occasion
  5. S’il faut vraiment acheter neuf, identifier les produits avec un label de qualité (TCO ou Epeat) tenant compte de l’écoconception ou de la réparabilité
  6. Recycler ses déchets électriques

Pour notre utilisation :

La vidéo en ligne représente 80 % de données du réseau internet. Pour diminuer cette quantité, on peut :

  • Éviter le streaming vidéo et privilégier le streaming audio
  • Arrêter la lecture automatique des vidéos
  • Diminuer la qualité des photos et des vidéos
  • Utiliser le wi-fi plutôt que la 4G (trois fois plus énergivore)
  • Utiliser les programmes installés sur un ordinateur plutôt que leur version dans le Cloud (serveurs data distants)
  • Envoyer moins de courriels, supprimer ceux qui ne sont plus nécessaires
  • Ne pas envoyer de pièces jointes, utiliser plutôt un service de transfert si nécessaire
  • Et surtout : éteindre nos équipements, ne pas les laisser en veille
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