Les Québécois peinent à comprendre les comportements qui ont les effets les plus nocifs sur le climat, révèle le plus récent rapport du Laboratoire de l’action climatique. « Si on lui faisait passer un examen, la majorité (63,3 %) obtiendrait une note de D », souligne le rapport, dévoilé ce mardi dans le cadre de la Journée mondiale du climat.

Ce constat est similaire à celui qui avait été fait l’an dernier lors de la première édition de ce Baromètre de l’action climatique, qui est élaboré à partir d’un sondage réalisé auprès d’environ 2000 Québécois. Le Laboratoire de l’action climatique est né d’une collaboration entre Unpointcinq, un média dit de solutions, et une équipe de recherche de l’Université Laval.

« Les scientifiques du climat ont été clairs : il faut agir d’ici 2030, sinon les conséquences seront irréversibles », déclare Valériane Champagne St-Arnaud, professeure de marketing à l’Université Laval et membre de l’équipe de recherche du Laboratoire. « Notre objectif, en produisant le Baromètre, c’est de comprendre où en est la population québécoise en matière d’action climatique et d’identifier les éléments qui peuvent freiner ou, au contraire, accélérer l’adoption de comportements plus légers en carbone. »

C’est un travail scientifique. On se base sur les plus récents constats de la recherche en marketing social et en communication environnementale pour élaborer le questionnaire et en analyser les résultats.

Valériane Champagne St-Arnaud, professeure de marketing à l’Université Laval et membre de l’équipe de recherche du Laboratoire

Le plus récent Baromètre, dont les données ont été récoltées du 14 au 19 septembre dernier, montre que les Québécois veulent agir, mais qu’ils ont encore tendance à confondre l’impact climatique et l’impact environnemental de plusieurs de leurs gestes. « C’est rassurant de voir que, malgré la crise [la pandémie de COVID-19], les Québécois ont encore envie de faire leur part, observe Mme Champagne St-Arnaud. Il y a maintenant 90 % des Québécois qui disent agir pour le climat (86 % en 2019) et 78 % qui disent vouloir en faire plus (76 % en 2019). Ce sont des données qui ont progressé depuis l’an dernier, et ce, malgré la crise. »

Or, ajoute-t-elle, comme l’an dernier, le sondage démontre que les gestes adoptés ne sont pas ceux qui sont les plus significatifs pour le climat. « Les Québécois sont nombreux à recycler, à utiliser des produits réutilisables, mais tous les gestes qui sont importants comme composter, réduire l’utilisation de la voiture, de l’avion, ne sont pas encore adoptés par la majorité. »

Parmi les comportements dont l’impact sur le climat est « fortement surévalué », on note le changement régulier de cellulaire, le fait de jeter des mégots de cigarette au sol et le gaspillage d’eau potable, des gestes nuisibles à l’environnement, mais qui n’ont pas nécessairement un grand impact sur les changements climatiques.

Faible compréhension des concepts

Le rapport met aussi en lumière la faible compréhension de concepts comme l’empreinte carbone des individus, l’économie verte et la compensation carbone. Seulement 20 %, 17 % et 11 % des répondants se disent, respectivement, capables d’expliquer ces notions.

« Ce que démontre le Baromètre cette année, c’est qu’il y a un grand besoin de revenir aux fondamentaux, d’avoir des contenus de type “action climatique 101” qui soient dans des formats accessibles et engageants », note Clémence Lalloz, cofondatrice et directrice générale adjointe d’Unpointcinq.

 On sait que l’information est l’un des activateurs importants de l’action. Ce manque de connaissances et ce besoin de contenu est un enjeu global pour tous les acteurs de la transition. »

Clémence Lalloz, cofondatrice et directrice générale adjointe d’Unpointcinq

Pour Valériane Champagne St-Arnaud, il importe que les Québécois soient en mesure de bien comprendre ces concepts, notamment celui d’économie verte, pour bien juger de l’action des gouvernements. « C’est un terme qu’on a beaucoup entendu dans les dernières semaines, avec le Plan pour une économie verte [déposé par le gouvernement Legault à la mi-novembre]. Le gouvernement du Québec souhaite répondre à cette demande de la population mais, dans les faits, est-ce que la population comprend vraiment ce qu’est l’économie verte ? Et comment va-t-elle être en mesure d’évaluer la qualité de ce plan si, à la base, il n’y a pas une compréhension commune du concept ? »

Selon le programme des Nations unies pour l’environnement, « une économie verte inclusive est une économie à faibles émissions de carbone, efficace et propre dans sa production, mais aussi inclusive dans sa consommation et ses résultats, basée sur le partage, la circularité, la collaboration, la solidarité, la résilience, les opportunités et l’interdépendance ».

Consultez le Baromètre de l’action climatique

Le Baromètre de l’action climatique en bref

79 % des Québécois croient qu’il est urgent d’agir contre les changements climatiques.

3 % des Québécois croient que les changements climatiques ne sont pas prouvés scientifiquement.

69 % des Québécois estiment que le gouvernement du Québec devrait en faire plus.

81 % des Québécois estiment que les entreprises industrielles devraient en faire plus.

La pandémie a insufflé une dose d’optimisme relativement à la lutte pour le climat chez 36 % des répondants.