C’est l’heure des bonnes résolutions ! Pour 2019, les entreprises peuvent d’ores et déjà inscrire à leur agenda le fait de combler l’écart entre leurs bonnes intentions affichées sur les Objectifs de développement durable (ODD) et leur intégration au cœur de leur stratégie. L’étude 2018 de Pwc, qui fait référence sur la prise en compte des ODD par les entreprises dans le monde, montre que le compte n’y est pas. Avec à la clé, un risque d’”ODD washing”.

Trois ans après leur adoption, les Objectifs de développement durable (ODD) font désormais partie intégrante des stratégies de communication des grandes entreprises à travers le monde. En 2018, 72 % des 729 grandes entreprises analysées par le cabinet de conseil Pwc (1), mentionnent les ODD dans leurs documents officiels. C’est un bond de 10 points par rapport à 2017. Parmi les supports privilégiés : les rapports RSE (Responsabilité sociétale des entreprises), les rapports annuels et, dans une moindre mesure, les reportings intégrés.
Un signe de prise de conscience des entreprises vis-à-vis des grands défis planétaires identifiés par les acteurs publics et économiques. Mais il manque encore de corps. Seulement 23% des entreprises publient des indicateurs et objectifs pertinents sur les différents ODD. Et uniquement 27 % des entreprises déclarent les intégrer dans leur stratégie commerciale.
“Même si les ODD font partie des conversations commerciales mondiales depuis plus de trois ans et qu’un nombre important d’entreprises s’engagent à respecter les objectifs, il subsiste un fossé entre leurs bonnes intentions et leur capacité à intégrer les ODD dans leur stratégie business“, estiment les auteurs. Pourtant, les opportunités liées aux 17 objectifs de développement durables sont estimées à plus de 12 000 milliards annuels selon une étude de référence parue en 2017 (2).
ODD PWC 2018 bon 
*KPI = Key Performance Indicator (<wbr />indicateurs clés de performance)
Une vision encore étroite et superficielle des ODD
Autre manque identifié par Pwc : la mesure, que ce soit pour identifier des indicateurs pertinents (KPI) ou suivre l’évolution de leur contribution aux différents ODD. “En conséquence, (les entreprises) sont incapables de démontrer aux investisseurs, aux pairs et à leurs propres employés, comment et pourquoi les ODD les aident à améliorer leur activité, maintenant et pour le long terme“, souligne l’étude. Des experts craignent que cela conduisent à un risque “d’ODD washing”.
Enfin, les entreprises les plus matures travaillent, avec raison, à identifier des ODD prioritaires pour leur stratégie. Mais ils sont souvent regardés avec superficialité, sans rentrer dans les détails des mesures concrètes définies comme prioritaires par l’ONU pour les atteindre. Quel que soit le pays ou le secteur, les ODD les plus plébiscités sont ceux liés au travail décent, à la lutte contre le changement climatique et à la production responsable.
Cela ne manque pas de logique mais démontre une vision étroite de la portée des ODD et de leurs impacts sur l’activité de l’entreprise. Parmi les objectifs les plus délaissés par les entreprises, celui de la protection de la vie aquatique. Et ce, alors que 2018 a marqué une prise de conscience de l’opinion publique sur l’ampleur de la pollution des océans par les déchets plastiques.
Béatrice Héraud @beatriceheraud
(1) L’étude (en anglais) : “SDG Reporting challenge 2018” est disponible ici 
(2) Better world, better business (2017)

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