Source : Zinfos974
Par : Julien Delarue
La création d'une nouvelle centrale d'achat à la Réunion s'est concrétisée un peu plus ce matin au siège de la CCIR à Saint-Denis. Prévue pour 2014, elle sera créée sous la forme d'une coopérative où les entreprises, fournisseurs et collectivités seront actionnaires. Une coopérative pour plus de "solidarité" afin de faire baisser les prix chez les petits commerces de proximité. Car l'objectif principal de cette centrale d'achat est de redonner un second souffle aux "petites boutiques" qui ne peuvent plus rivaliser face à "l'ogre" de la grande distribution.
La centrale d'achat est une "promesse" de la nouvelle majorité à la tête de la Chambre de commerce et d'industrie de la Réunion. "Nous sommes les précurseurs dans ce domaine, ce projet de centrale d'achat est celui de notre mandature", se plait à rappeler Ibrahim Patel, président de la CCIR.
Ce matin, il avait réuni autour de lui les collectivités départementale et régionale pour lancer officiellement la création de la nouvelle centrale d'achat, à l'horizon 2014, censée venir concurrencer les deux centrales existantes dans l'île. "C'est un élément essentiel pour le pourvoir d'achat des Réunionnais. L'île est actuellement soumise à un système de monopole où 85% des entreprises n'ont pas d'autres choix que de s'approvisionner auprès de ces deux centrales", ajoute Ibrahim Patel.
De centrales qui travaillent d'abord pour les grandes surfaces, principaux clients, au détriment des "petites boutiques" laissées à l'écart et qui ne peuvent rivaliser en terme de prix face aux grands groupes de distribution. "Les prix pratiqués par les grossistes sont plus chers pour les petits commerçants que ceux pratiqués en grande surface. Le petit commerçant est alors obligé d'aller dans les grandes surfaces pour s'approvisionner. Il y a un problème", souligne le président de la CCIR.
Redonner un second souffle au commerce de proximité
Dans les centrales d'achat, le prix d'achat en gros d'une marchandise varie en fonction du volume de la commande. Quand une grande surface commande pour sa surface de vente, estimée à des milliers de mètres carrés, le prix baisse. Inversement, quand le petit commerçant passe une commande pour une surface de vente inférieure, le prix de vente augmente. "C'est là où la centrale d'achat prend toute son importance, en permettant de regrouper les petits commerçants qui auront la possibilité d'avoir des offres équivalentes à celles proposées dans les grandes surfaces", explique Ibrahim Patel.
Mais l'enjeu va au-delà de la centrale d'achat, c'est bien le commerce de proximité qui est visé et que les élus de la CCIR souhaitent sauver d'une mort certaine.
Le nombre d'entreprises en commerce alimentaire de proximité a baissé en 10 ans de 17%. Or, le commerce de proximité joue un rôle de lien social et sans sa présence dans certaines communes, c'est toute la vie économique qui s'arrête. "Quand le petit commerce ferme, il est accompagné après par le bureau de poste, l'école… la population s'en va pour trouver tout cela ailleurs", rappelle Ibrahim Patel.
L'initiative de la CCIR est applaudie des deux mains par le Département et la Région. "Enfin et bravo!", se félicite Ibrahim Dindar, vice-président du Conseil général. Un projet de centrale d'achat qui correspond à une "triple nécessité" pour le conseiller général, la protection de l'avenir du petit commerce, une plus grande offre et un équilibre en terme d'aménagement du territoire. Pour la Région, les initiatives menées pour faire baisser les prix sont les bienvenues. "Le but est de casser les monopoles et la Région soutient les initiatives pour baisser les prix", explique Patricia Pilorget, conseillère régionale.
Un changement dans le mode de consommation
"D'un vieux rêve souvent critiqué, la centrale d'achat est en train de voir le jour", lâche Jean Cadivel, président de la commission commerce et alimentaire à la CCIR, qui travaille de front pour la mise en place de cette centrale avec Cyrille Séraphin, également élu à la CCIR.
Maintenant, reste à convaincre les petits commerçants de venir se joindre au projet. Le ticket d'entrée pour faire partie de la coopérative est fixé au minimum à 1.000 euros, et 2.000 euros pour les fournisseurs. "L'intérêt n'est pas de gagner de l'argent avec la coopérative. L'intérêt est pour le petit commerçant de pouvoir obtenir de meilleurs prix", explique Ibrahim Patel. Mais le grand gagnant avec la création de cette centrale, sera à coup sûr le consommateur réunionnais qui pourra trouver des prix nettement plus intéressants dans sa boutique de proximité, et ainsi éviter de se rendre obligatoirement dans une grande surface. "C'est la possibilité pour les consommateurs de s'approvisionner différemment", conclut-il.
La centrale d'achat n'en est qu'à ses balbutiements. L'objectif pour sa mise en service est fixé à 2014 afin de maitriser au mieux l'aspect juridique, financier et logistique. Plusieurs réunions d'informations vont se tenir dans les prochains jours dans les différentes antennes de la CCIR pour informer les commerçants sur la création de cette nouvelle centrale.
Pour le moment, beaucoup de questions restent en suspens, mais gageons que le maximum de chefs d'entreprises répondent présents à l'invitation de la CCIR pour redonner un second souffle au commerce de proximité réunionnais.