Source : SudOnLine
Par : Sear Sy
14 000 villages du Sénégal en éco-villages à l’horizon 2020. C’est l’objectif que s’est fixée l’Agence nationale des éco-villages (Anev) dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Le programme est initié en partenariat avec l’Agence de développement des entreprises en Afrique (Adea). Avec l’expertise d’une quinzaine de chefs d’entreprises françaises, les éco-villages sont un moyen incontournable pour l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd). Si dans la communauté rurale de Léona (région de Louga) beaucoup de choses restent à faire, à Mbackombel (région de Thiès), le modèle commence à présenter des signes comme le souhaitent les autorités.
Le Gouvernement du Sénégal compte valoriser 14 000 villages en éco-villages à l’horizon 2020, ce qui entre dans le cadre de sa politique de lutte contre la pauvreté en général et l’exode rural en particulier. Par le biais de son Agence nationale des éco-villages (Anev), le ministère de l’Ecologie et de l’environnement intègre l’expertise étrangère via l’Agence de développement des entreprises en Afrique (Adea) pour exploiter l’énergie solaire et maîtriser l’eau au profit des populations du monde rural.
A cet effet, des sites des communautés rurales de Mbackombel (département de Mbour, région de Thiès) et de Léona (Louga) ont été visités par une mission pluridisciplinaire de l’Anev comprenant entre autres membres, des chefs d’entreprise du secteur énergétique et hydraulique. Pour freiner l’exode rural amplifié par la pauvreté née des perturbations climatiques et la dégradation des écosystèmes, le gouvernement du Sénégal a lancé en 2009 le programme des éco-villages.
La synergie de tous les acteurs : Etat, partenaires (locaux et étrangers) et bénéficiaires (villageois) permet de mobiliser des moyens humains, techniques et institutionnels pour revaloriser les zones ciblées. « C’est un levier pour le développement durable qui couvre l’ensemble du territoire national sur le plan économique, social des populations en préservant les ressources naturelles avec la maîtrise de l’eau, des énergies renouvelables », a expliqué le Colonel Demba Mamadou Ba, Directeur général de l’Agence nationale des éco-villages, conservateur des Parcs nationaux.
Mbackombel, le modèle le plus avancé
Situé à une quinzaine de kilomètre de Mbour, Mbackombel est un village sérère dont le nom signifie « Baobab au fruit délicieux ». Il se trouve dans la communauté rurale de Sandiara dans le département de Mbour qui est à 83 km de Dakar. Mbackombel est une localité de 35 foyers et représente le modèle le plus avancé d’éco-village avec tous les facteurs indéniables réunis en lieu et place.
De son passage de village traditionnel en village moderne pour ne pas dire éco-village, Mbackombel fait face à la lutte contre la pauvreté et à l’exode rural. Ledit village tente de s’imposer comme un pôle socioéconomique de développement durable. L’exploitation énergétique du système solaire par la mise en place de panneaux photovoltaïques conjoints à de mini centrales, accéder à une eau potable en quantité abondante était à la merci des populations avec un forage dont le débit est à 50 m3 /heure.
Une potentialité en eau bien acquise pour faire développer la biodiversité sur un périmètre écologique. Dans ce périmètre, le développement du maraîchage, la plantation du jatropha, des plantes médicinales, d’une pisciculture en gestation pour combler le gap en poisson. La construction de bio-digesteurs qui fonctionnent avec la bouse de vache qui produit du méthane permet d’obtenir du gaz pour faire la cuisson dont 8 m3 peut être stocké. Ce qui contribue à la lutte contre la déforestation.
La population de Mbackombel n’envie pas celle des villes surtout dans la lutte contre les changements climatiques et la dégradation de l’environnement par le biais de leur cadre de vie. Avec une école élémentaire qui va de la maternelle au CM2 qui dispose d’une bibliothèque, une salle informatique dont les ordinateurs sont équipés de panneaux solaires qui leur permettent de fonctionner. Un moyen de concourir à la réduction de la facture numérique et qui permet à cette population de se connecter avec le reste du monde.
Des constructions en voute nubienne d’un poulailler afin d’avoir un approvisionnement en viande, mais aussi pour conserver les récoltes contre la chaleur et de préserver sa qualité. Toute une économie dans une dynamique de retenir la population dans la localité pour son développement durable. « Nous n’avons pas encore fait de récoltes avec les poissons mais on les voit et nous espérons ne plus avoir de difficultés pour une rentabilité économique au-delà de la consommation», a indiqué Robert Birame Ndour, chef de village et responsable de la pisciculture.
L’exode rural surplombé par…
L’exode rural n’est plus au menu, les occupations génératrices de revenu s’imposent grâce aux activités venues avec les éco-villages. Ce qui permet aux jeunes de travailler dans leur terroir et de gagner leur propre vie pour la satisfaction des besoins qui s’imposent. « J’étais parti apprendre du métier dans les grandes villes, mais depuis que ce projet est là je suis entrain d’y gagner ma vie. Même ce bâtiment, c’est nous les jeunes qui l’on construit et avant il y’en n’avait pas » a indiqué Alouise Thiaw, habitant de Mbackombel.
Toutefois, chercher ailleurs comme d’habitude n’est pas exclu par ces jeunes pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles. « Si on avait pas du travail ici au village, on serait obligé d’aller dans les villes pour chercher du travail. La plupart des jeunes y travaillent et sont restés pour cela et on n’a plus besoin d’aller chercher du travail ailleurs et c’est grâce à ce projet » a-t-il poursuivi. Ce qui réjouit la population de cette localité avec le projet des éco-villages dont son élargissement viendrait en appoint celui des villages du millénaire.
Léona, l’eau, l’énergie au cœur du problème
Située à vingt cinq kilomètres de Louga, dominée par l’ethnie peulh, une végétation sèche à perte de vue, l’herbe qui se fait très rare à cette période, la communauté rurale de Léona est le fief des villages du millénaire pour l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) avec le site de Potou qui en est à 5 km. Sham Ndiaye vient s’ajouter au décor, de ladite localité, tout en étant à une dizaine de kilomètre de Louga avec un forage d’un débit de pompage de 38m3 par heure pour 27 villages, avec les amonts ça peut aller jusqu’à 35 villages, une demande supérieure à l’offre. Syer peulh qui est à 32 km de Louga, vit les mêmes problèmes d’eau dont le forage marche avec du carburant que les populations achètent avec une insatisfaction tant en qualité qu’en quantité est d’actualité.
Malgré l’avancée notée dans cette localité sur tous les secteurs de développement par l’effort consenti avec la présence de Millénium Promise, beaucoup de chose reste à parfaire. Avec le programme des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd), 109 villages dans la communauté rurale de Léona ont pu avoir un approvisionnement en eau, certains ont bénéficié d’une électrification.
Une eau de mauvaise qualité…
Une eau rougeâtre du à un fort taux de fer qui est accentuée par le purificateur en panne. Ce qui accentue la mauvaise qualité de l’eau avec son état rougeâtre avec parfois même la présence du calcaire. Des investissements à perte de profit sur le plan agricole dont les acteurs de ce secteur en payent les frais.
« L’année dernière, j’ai effectué une perte de 100 000 francs que j’ai dépensés en gasoil pour avoir de l’eau, en engrais, en semence etc. Cette année, j’ai cultivé de la pomme de terre, une quantité important est pourrie à cause d’un manque en eau pour l’arrosage qui est aussi de mauvaise qualité à cause d’un fort taux de fer qui bouche les trous du système de goutte-à-goutte » s’est plaint Cheikh Ndiaye, cultivateur à Syer peulh. Cependant, cette source de vitalité n’est pas à la hauteur de la demande pour ne pas dire que la quantité en eau est un manque réel. Le périmètre de Gabane wolof en est une parfaite illustration dont toute la zone cultivable n’est exploitée par les femmes qui y font du maraîchage.
L’énergie solaire convoitée…
L’énergie fait partie des problèmes qui gangrènent le quotidien des populations de cette communauté rurale de Léona. Elle est indispensable à l’acquisition d’eau par les forages qui fonctionnement par le biais de l’énergie qui est insuffisante. « Auparavant nous faisons marcher le forage avec du gasoil qui coute très cher, maintenant nous le faisons fonctionner avec du courant conventionnel, mais la cherté est toujours là même si c’est moins qu’avant. Si nous avons un système solaire pour le pompage et le ravitaillement du réseau en eau, nous sommes prêts à s’autofinancer pour avoir une eau de qualité et en quantité. Nous avons beaucoup de difficultés à alimenter tous les villages en eau » a expliqué Modou Mbaye, Gérant du forage Sham Ndiaye. Cependant la faisabilité du projet des éco-villages nécessite la main mise de la population cible dans un cadre conviviale de gestion transparente et d’une cohésion sociale.